La crise commence à atteindre l’industrie

Publié le par Jihad WACHILL

Partie de la sphère financière, la crise contamine « l’économie réelle ». La CGT parle de centaines de milliers d’emplois supprimés.

Les syndicats commencent à tirer la sonnette d’alarme sur la crise sociale qui se profile avec la récession économique. Partie de la sphère financière, la crise va toucher de plein fouet « l’économie réelle ». Les stratégies des entreprises privées étant largement fondées sur des critères de rentabilité financière, les liens de cause à effet sont inévitables. « Je crains qu’avec les conséquences économiques, nous ayons à assez court terme une remontée du chômage de plusieurs centaines de milliers de chômeurs », s’est inquiété hier sur BIM Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT. « La crise financière n’est pas responsable de tout, mais elle ajoute aux difficultés déjà perceptibles », a-t-il ajouté. « On ne parle que des banques et pas des conséquences économiques et sociales de cette crise, on les voit pourtant déjà avec des plans sociaux et des fermetures d’usines », avait déjà prévenu François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, le 7 octobre dernier.

Outre l’automobile, déjà affectée par de nombreuses fermetures ou restructurations, d’autres secteurs commencent à faire connaître le montant de la facture. Dans l’électronique, Hewlett-Packard (HP) a annoncé hier la suppression de 500 postes en France, et cela alors que les sites de Villeneuve-d’Ascq (Nord), de Freyming-Merlebach (Moselle) et de Lingolsheim (Bas-Rhin) font déjà l’objet d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Dans la chimie, Sanofi-Aventis ambitionne de se séparer de 927 postes de visiteurs médicaux.

La saignée pourrait être importante dans l’immobilier. Dans un entretien au journal le Monde daté d’aujourd’hui, Alain Dinin, PDG de Nexity, calcule que « 180 000 salariés sont menacés de se retrouver au chômage » du fait du ralentissement des projets de constructions neuves. Dans sa propre entreprise, pourtant leader français de la promotion immobilière, il dit « avoir gelé » 129 programmes, et vouloir « au total, supprimer 500 emplois ». La veille, Kaufman & Broad a rendu public un plan de 166 suppressions d’emplois.

Ces mauvaises nouvelles arrivent alors que le chômage est déjà reparti à la hausse, avec 41 000 inscrits de plus à l’ANPE fin août. « Si on ne prend pas de décisions en France et en Europe, c’est probablement une phase de deux ou trois ans de stagnation économique qui s’annonce », interpelle Jean-Christophe Le Duigou, pour qui la solution passe, entre autres, par « une stratégie de relance, de développement industriel ». Le problème, c’est qu’il faut éviter le cercle vicieux qui consiste, pour les entreprises, à anticiper une baisse des ventes en réduisant la production et les effectifs, attitude qui contribue à augmenter le chômage et à réduire le nombre de consommateurs potentiels de leurs produits. « S’il faut réduire la production, cela doit se faire sans suppressions d’emplois, quitte à ce que l’entreprise ne fasse aucun bénéfice l’année prochaine », suggèrent les militants CGT du Centre technique de Renault, dans l’Essonne.

Paule Masson dans l'Humanité du 10 octobre 2008

Publié dans France - Emploi

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