Front de Gauche : mode d’emploi ?

Publié le par Jihad WACHILL

Le " Front de Gauche ", regroupant lors des élections européennes le PCF et ses alliés, réalise 6,5% et obtient 5 élus. Mais la question reste posée : qu’aurait pu donner un "Front de Gauche" élargi au NPA (voire à LO) ? Si on s’en tient à une pure addition des scores réalisés aux européennes, un " Front de Gauche " élargi, aurait pu obtenir environ 12% des voix et 10 ou 11 élus (les gains potentiels en élus étant pris essentiellement sur l’UMP).


Evidemment, il n’est pas certain que ces voix se seraient additionnées. Toutefois, en sens inverse, une dynamique d’entrainement aurait alors pu être créée aussi grâce à une démarche unitaire, comme pour le référendum sur la Constitution européenne en 2005. Ceci d’autant plus que les listes " Front de Gauche ", NPA et LO ont de toute évidence plus que les autres souffert de la forte abstention dans les classes populaires.


Mais ce qui n’a pas pu se faire lors des élections régionales ne peut-il être réalisé pour les élections régionales ? Ceci implique un certain nombre de conditions : tout d’abord une clarification du PCF à propos de son positionnement vis-à-vis du PS ; ensuite la renonciation du NPA à poser encore et toujours des préalables qu’il sait par avance inacceptables par ses éventuels partenaires ; enfin, la préservation de l’indépendance d’action et de l’identité propre des différents partis associés.


Tout d’abord, le PCF a un choix à faire entre la stratégie de "Front de Gauche" et d’éventuelles alliances avec le PS dès le 1er tour. Il est bien évident que pour les partenaires engagés à ses côtés lors des dernières élections européennes, et a fortiori pour d’autres partenaires potentiels comme le NPA, ces deux options sont incompatibles. Les ambiguïtés du PCF sur cette question sont d’ailleurs la principale justification du NPA pour justifier sa stratégie solitaire des européennes. La pérennisation du "Front de Gauche" et son élargissement impliquent donc une renonciation claire du PCF aux alliances dès le 1er tour avec le PS.


Le NPA, de son côté, devra sortir de la stratégie "gauchiste" qui consiste à poser des préalables irréalistes pour justifier son refus de l’unité. Comme il a pu le faire pour les élections européenne avec la question de la sortie du nucléaire, dont le moins que l’ont puisse dire est qu’elle n’était pourtant pas centrale lors de ce scrutin. De même, il paraîtrait irréaliste à toutes les autres forces susceptibles d’être impliquées dans une démarche unitaire, de refuser par avance les fusions de listes entre les deux tours. Néanmoins, de telles fusions ne sauraient se faire sur une base programmatique social-libérale. La simple revendication de l'étiquette "de gauche" ne se suffit pas à elle-même si elle n'est pas suivie d'actes... Il paraît aussi difficilement concevable d’accepter d’intégrer au 2nd tour des listes dans lesquelles figurerait aussi le MoDem.


Enfin, le Front de Gauche, même conçu comme une "alliance durable", ne saurait impliquer renonciation des partis impliqués à leur indépendance et à leur identité. Ceux qui voudraient en faire un parti de type die Linke destiné à remplacer les partis existants, en dissolvant leur identité dans un magma informe, porteraient par avance la responsabilité de son échec. Car une démarche d’unité sincère implique le respect de chacun dans sa différence. Et ensuite, si des différences d’appréciation peuvent exister, il est normal que, faute d’unanimité, chaque formation politique reste libre de son positionnement propre. Rien de malsain en cela.


A bien des égards, de par sa manière de fonctionner et les relations de confiance établies, le Comité pour l’interdiction des licenciements d’Amiens, groupant des militants du PCF, du NPA et du POI est une expérience intéressante pour démontrer que l’unité à la base entre des militants politiques d’organisations différentes est possible dans le respect de l’identité de chacun.

Article paru en septembre 2009 dans l'Aube nouvelle (journal communiste amiénois)

Publié dans France - Politique-PCF

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J
Pour les alliances avec le PS, Bayrou et Hollande risquent de choisir à la place du PCF.Les suppliques de MGB semblent de peu d'effet. Bayrou et la plus grosse partie de la direction du PS ont entamé les manoeuvres au forum Libération de Lyon vendredi dernier.
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