Quand les prix explosent

Publié le par Jihad WACHILL

En attisant la concurrence, la loi de modernisation de l’économie donne les pleins pouvoirs à la grande distribution.

Quand les produits frais se font rares, leurs prix augmentent sensiblement, et quand l’offre dépasse la demande, les cours payés aux producteurs s’effondrent. La loi Chatel de novembre 2007 et la loi de modernisation économique de Christine Lagarde n’ont pas changé l’été des paysans ni celui des consommateurs. En juillet 2008 les abricots étaient plus chers de 50 % par rapport à juillet 2007. La hausse atteignait 38 % pour les pêches et les nectarines. Officiellement les gelées du printemps ont réduit l’offre et boosté les prix. Concrètement nul ne sait quelle a été la marge des distributeurs dans cette affaire. Produits en abondance et par à-coups du fait d’un temps printanier et estival capricieux, melons, salades et tomates ont peiné à trouver des débouchés stables. Les centrales d’achat des distributeurs ont joué sur l’abondance de l’offre pour obtenir les prix les plus bas. Ils le faisaient d’ailleurs avant de disposer de la liberté de négocier les tarifs auprès des fournisseurs, accordée par la loi de modernisation de l’économie, publiée au Journal officiel le 5 août. Prétendre que cette loi va, comme le soutient Christine Lagarde, rendre du pouvoir d’achat au consommateur est un double mensonge. Depuis un an les prix alimentaires ont augmenté de plus de 6 %, ceux des légumes frais de 10,5 %, ceux des fruits frais de 15,14 %. Même quand les prix sont stables et quand l’inflation globale est faible, les salaires et les retraites peinent à suivre l’évolution du coût de la vie mesurée par l’indice INSEE. Miser sur des baisses ponctuelles de prix, du fait d’une plus grande liberté de concurrence, n’est que pure fiction.

Gérard LE PUILL dans l'Humanité du 21 août 2008

Publié dans France - Agriculture

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