Saisonniers : Allocations chômage en suspens

Publié le par Jihad WACHILL

L’an prochain, certains salariés saisonniers perdront tout droit aux allocations chômage si les partenaires sociaux ne reviennent pas sur leur accord.

Le sort des travailleurs dits « saisonniers » sera l’un des enjeux de la convention UNEDIC qui doit être conclue d’ici la fin de l’année entre patronat et syndicats. En fonction du résultat des négociations, ces salariés de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration et du tourisme verront ou non s’abattre sur eux l’épée de Damoclès qui les menace depuis trois ans. Le dernier accord UNEDIC, signé fin 2005 par le patronat, la CFDT, la CFTC et la CGC, a en effet prévu de restreindre leur indemnisation en limitant à trois le nombre d’admissions possibles aux ASSEDIC en « chômage saisonnier ». Un saisonnier qui a été indemnisé trois années de suite lors de ses mois sans travail, ne pourra plus toucher d’allocation. Cette règle étant entrée en vigueur début 2006, des saisonniers pourront arriver en fin de droits dès 2009, si elle n’est pas abrogée.

À l’époque, la justification avancée par les signataires était d’aider les saisonniers à sortir de la précarité ! Pour sombrer dans la grande pauvreté ? En fait, le but est de réaliser des économies à l’assurance chômage sur le dos d’une population peu mobilisée… qui s’est tout de même mobilisée. En décembre, un collectif de saisonniers a lancé un appel pour défendre leur indemnisation (1), où ils rappelaient qu’ils n’ont « pas choisi leur statut », et qu’ils sont déjà pénalisés avec une allocation ASSEDIC divisée par deux par rapport aux chômeurs « classiques ». En mars, à l’initiative de la CGT, des saisonniers des Alpes ont manifesté dans les rues d’Albertville et débrayé dans les remontées mécaniques. D’autres actions sont prévues à la rentrée.

Mal à l’aise, la CFDT, qui préside l’UNEDIC, réplique avec un discours ambigu. D’un côté, elle crie à une « campagne de désinformation » menée par la CGT et Force ouvrière, en assurant que les droits des saisonniers ont été sauvegardés jusqu’en 2009. De l’autre, elle défend l’accord et cherche à minimiser son impact : « Sur les 2 millions de saisonniers, seuls 57 000 peuvent prétendre à l’indemnité chômage et, si la convention 2006 est appliquée, elle ne changera la donne que pour 10 000 personnes », déclarait ainsi Annie Thomas, présidente de l’UNEDIC, dans les Échos le 14 août, comme pour préparer les esprits. L’issue de la négociation n’est pourtant pas jouée, puisque dans des régions employant de nombreux saisonniers comme la Corse, la Réunion et Rhône-Alpes, les employeurs eux-mêmes ont manifesté leur crainte de ne plus trouver de main-d’oeuvre si l’indemnisation est restreinte. Ils soulignent que les marchés du travail locaux n’offrent aucune activité de remplacement hors saison.

(1) www.petitionsaisonniers.org.

Fanny DOUMAYROU dans l' Humanité du 28 août 2008

Publié dans France - Emploi

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