Mon intervention à la réunion de "vive le PCF!" à Paris la semaine dernière

Publié le par Jihad WACHILL

Je m'appelle Jihad WACHILL et je suis à la section PCF d'Amiens. J'interviens aussi en qualité d'ancien membre du bureau national de l'UNEF, enfin celle d'avant la réunification. En effet, ayant connu cette période de la liquidation de l'ex-UNEF, je ne peux m'empêcher de faire des parallèles entre ce qu'on y a connu et ce qui se passe aujourd'hui au PCF. Je n'en suis que d'autant plus inquiet.
 
Parallèle à propos de la déliquescence sur le fond de l'organisation, qui correspond à une volonté d'afficher une orientation compatible avec celle de la social-démocratie. Sur le terrain syndical étudiant aussi, les renoncements sur le fond ont été les premiers signes précuseurs concrets de la "réunification syndicale".
 
Parallèle à propos de ce qui a pu être qualifié de "sortisme" de militants voire d'équipes militantes entières, qui quittent l'organisation pour exprimer leur désaccord avec les dérives constatées. Des militants qui soit essaient par vagues de construire d'autres organisations, soit disparaissent dans la nature. Mon expérience syndicale étudiante me conduit à douter de la pertinence d'une stratégie assumée de sortie du PCF pour construire une autre organisation: la construction d'une organisation digne de ce nom est un travail patient qui ne saurait se décréter par un coup de baguette magique, se faire d'un claquement de doigts. Ce travail de construction est d'autant plus long et fastidieux lorsqu'il existe déjà "sur le même créneau" une organisation jouissant d'une reconnaisance historique mieux établie. Même lorsque cette reconnaissance n'est plus que résiduelle.
 
Une différence toutefois avec la situation actuelle du PCF: peu de ces militants ont été franchement mis dehors, la plupart faisant plutôt délibérément le choix de partir. Au PCF, au contraire, nombre de camarades ont été plus ou moins insidieusement exclus. Il ne s'agit pas toujours d'un choix mais souvent d'un état de fait imposé. C'est là une des limites des parallèles que je fais. Il convient d'ailleurs d'autant plus de tenir compte de ces camarades dans toute démarche de rassemblement, dans le respect de leur vécu parfois douloureux vis-à-vis du Parti.
 
Parallèle aussi concernant l'entrisme pratiqué par des groupuscules n'ayant aucun attachement réel à l'organisation et servent dans les faits de caution de gauche à la direction dans sa démarche de destructuration de l'identité de l'organisation pour la rendre soluble dans la social-démocratie bon teint.
 
Parallèle, enfin et surtout, concernant la division des opposants à cette demarche mortifère. Une opposition traversés de querelles de personnes et de chapelles qui les empêchent de proposer une alternative crédible à la direction en place. Cette dernière peut ainsi se maintenir faute d'accord entre ses opposants. Cette division conduit à l'inefficacité et à l'inaction, voire... à la cooptation des chefs de file des opposants par la direction elle-même faute d'accord entre eux. Elle entraîne de plus au niveau de la "base" perte d'espoir et résignation chez nombre de camarades, qui peut les amener à "décrocher" ou en tout cas à prendre du recul. Donc à accélérer le "sortisme".
 
A ce stade, je vais sortir de ces parallèles pour revenir à l'actualité à propos de cette question de la nécessaire unité de ceux qui veulent un retour à des orientations authentiquement communistes. Pour moi, cette unité doit passer par un texte commun, rassemblant largement. Ceci afin de créer une bipolarisation claire et laminer d'éventuels textes de diversion. L'exemple de "refondation communiste" en Italie est là pour nous montrer par son actualité comme par son caractère spectaculaire qu'une clarification idéologique est possible. Mais là encore, sans le rassemblement des opposants à la dérive anti-marxiste de l'ancienne direction du PRC, jamais ce basculement tellement porteur d'espoirs pour nous n'aurait été possible. Le cas du parti communiste portugais, qui a connu un sursaut similaire il y a quelques années et un redressement électoral et d'activité depuis, est là aussi dans une certaine mesure pour nous montrer que la théorie du déclin inéluctable est sans fondement.
 
Inversement, le cas du PCE (Parti Communiste Espagnol), montre bien l'ampleur de la difficulté aujourd'hui à reprendre son autonomie pour un parti communiste qui en aurait des velléité une fois qu'il s'est fondu dans une autre organisation, la "Gauche unie" ici. Ce contre-exemple espagnol est valable aussi sur la question de l'unité, le premier dirigeant de ladite "Gauche unie" n'ayant été élu que par 48% des militants, en profitant surtout de la division des ses opposants.
 
De la même manière qu'en Italie, ne pas poser la question du changement de direction serait une erreur stratégique grave car réduisant notre opposition à un jeu de dupes: il serait inimaginable, inconséquent et illogique de permettre à la direction de se maintenir si elle est mise en minorité. Ceci tout simplement car l'on ne peut décemment espérer imposer à ces mêmes gens qui nous dirigent aujourd'hui qu'ils se fassent applicateurs zélés d'orientations qu'ils désapprouvent. Il serait illusoire et irresponsable de donner une telle illusion à des camarades, même si certains d'entre-eux voudraient par naïveté se complaire dans cette idée.

L'unité des communistes souhaitant remettre la lutte des classes au coeur des orientations du PCF implique que les uns et les autres prennent la mesure de leurs responsabilités. Responsabilités qui parfois les dépassent, il est vrai, au regard de l'Histoire. Devant l'intérêt commun, anathèmes, attitudes sectaires et procès d'intentions ne sauraient avoir leur place. Un camarade comme André GERIN, par exemple, même si j'ai à titre personnel bien des désaccords avec lui, ne peut être écarté d'un revers de la main dédaigneux. Ceci d'autant plus qu'il a une légitimité historique en tant qu'opposant à la mutation. De toute manière, si on cherche bien on peut tous trouver quelque chose à se reprocher les uns les autres. Mais ne serait-ce pas, au final, faire le jeu de la direction? 
 
Les désaccords, s'il y en a, doivent être tranchés démocratiquement, mais c'est toujours les points d'accord et non les désaccords parfois futiles que nous devons en priorité avoir à l'esprit. De ce point de vue, notre parti a plus que jamais besoin d'une culture démocratique qui a pu cruellement lui manquer: loin d'être dramatiques, les divergences peuvent contribuer utilement au débat démocratique dans un parti comme le PCF si elles sont gérées sainement.

Publié dans France - Politique-PCF

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
J'ai compté une petite cinquantaine de personnes quand je suis arrivé en milieu de matinée samedi. Il y aurait eu des allées et venues et des camarades qui seraient juste venus la veille d'après ce qui a été dit. Un chiffre de 80 participants a été avancé par Emmanuel DANG TRAN dans son intervention de clôture.
Répondre
G
Peux-tu dire combien de camarades ont participé à cette réunion?
Répondre