Suicide d’un enseignant au lendemain de sa garde à vue

Publié le par Jihad WACHILL

Drame : Professeurs et syndicats mettent en cause la disproportion des moyens policiers mis en oeuvre dans le cadre de conflits scolaires.

Une accusation, une mise en garde à vue. Puis un drame. Les liens entre les événements ne sont pas établis, mais le suicide du professeur retrouvé pendu, vendredi, soulève des interrogations parmi les enseignants. L’histoire, il faut dire, est de celles qui bouleversent. L’homme avait trente-huit ans et exerçait depuis quatorze ans dans un collège de Saint-Michel, dans l’Aisne. Mardi dernier, un différent l’oppose à un élève : Marc (1), quinze ans, arrive en retard en cours et refuse de lui tendre son carnet de liaison. À la fin de l’heure, l’enseignant lui demande de rester. La suite se déroule dans le huis clos de la salle, désertée par les autres élèves. En sortant, le jeune se précipite chez lui et accuse son prof de lui avoir asséné un coup de poing au visage. Le mercredi, le garçon et son père portent plainte. Le jeudi, les gendarmes placent l’enseignant en garde à vue. Celui-ci nie les faits. Le vendredi, vers 15 heures, les secours le retrouvent pendu chez lui. L’homme aura pris le temps de rédiger une lettre à son fils de huit ans, sans y dire les motivations de son geste.

Selon le procureur de la République de Laon, il vivait une passe difficile, fragilisé par une séparation douloureuse. La mise en garde à vue a-t-elle été l’élément déclencheur de son passage à l’acte ? Rien, hier, ne permettait de l’affirmer clairement. On épinglait, en revanche, le bien-fondé d’une procédure aussi lourde que traumatisante. « On peut s’interroger sur la disproportion des moyens policiers mis en oeuvre avec la nature des faits reprochés », note le SNES-FSU de l’Aisne. « Il ne s’agit pas de remettre en cause le droit de chacun à porter plainte, ni celui des policiers à procéder à une garde à vue, expliquait Luc Bérille, secrétaire général du SE-UNSA. Mais d’autres procédures existent pour mener une investigation. Par exemple la convocation, moins stigmatisante. » Des remarques déjà formulées lors de l’affaire de Berlaimont, l’an dernier, après qu’un prof avait été interpellé chez lui pour avoir giflé un élève.

(1) Le prénom a été modifié.

Marie-Noëlle BERTRAND dans l'Humanité du 22 septembre 2008

Publié dans Picardie

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