La forte hausse du chômage était prévisible

Publié le par Jihad WACHILL

Emploi : Face au bond spectaculaire du nombre d’inscriptions à l’ANPE en août, les syndicats et la gauche accusent les réformes du gouvernement Sarkozy.

Face à la remontée spectaculaire des chiffres du chômage en août, Christine Lagarde, ministre de l’Économie et Laurent Wauquiez, secrétaire d’État à l’Emploi ont convoqué une « réunion de crise » qui s’est tenue hier soir et dont l’unique objet était de « mobiliser les acteurs de la lutte contre le chômage ». Mais que peuvent l’ANPE, l’UNEDIC, l’AFPA (formation professionnelle) ou les représentants des missions locales quand l’offre de travail manque ?

Depuis hier, le gouvernement le confirme désormais officiellement, le chômage est sur le point de dépasser la barre symbolique des deux millions. En août, le nombre de sans-emploi inscrits à l’ANPE en « catégorie 1 », c’est-à-dire cherchant un emploi à temps plein en CDI et n’ayant pas travaillé plus de 78 heures dans le mois écoulé, a progressé de 40 000 personnes.

Conséquence d’une politique

Après une baisse quasi ininterrompue depuis mai 2006, les chiffres étaient repartis à la hausse depuis trois mois, mais mollement. Juillet a par exemple compté 2 100 personnes inscrites à l’ANPE de plus que juin. La poussée constatée en août est donc spectaculaire. Il faut remonter à 1993 pour trouver une progression aussi forte. Le gouvernement promet que ce n’est qu’une « mauvaise passe » et assure que pour « reprendre le train de la croissance », il faut poursuivre les réformes structurelles, insiste Eric Woerth, ministre du Budget.

La fin du travailler plus

C’est justement ce que lui reproche la gauche. « Il s’agit bien d’une conséquence de la politique gouvernementale. Quelle que soit l’ampleur de la crise financière, elle ne pourra servir de bouc émissaire permanent à une politique qui fait des ravages depuis des mois », dénonce la Parti communiste dans un communiqué, tandis que Michel Sapin, secrétaire national du Parti socialiste, regrette que « le gouvernement tire manifestement prétexte de la crise économique pour justifier l’instauration de mesures d’austérité ». Les syndicats se montrent sceptiques. Pour la CGT, la hausse n’est pas « surprenante ». Le syndicat considère que « le gouvernement serait inspiré de revoir sa politique économique et sociale » plutôt que de pénaliser les chômeurs. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO a demandé au gouvernement de « prendre des décisions, y compris en faveur des salariés », FO se prononçant pour « une réelle politique de soutien de la consommation et du pouvoir d’achat », tandis que François Chérèque, leader de la CFDT, estime que celui-ci a « enfumé » les Français.

La gauche et les syndicats sont « obsédés par l’idée du partage du travail », et « ne veulent pas comprendre que le travail crée le travail », s’est emporté le secrétaire général de l’UMP, Patrick Devedjian.

Pourtant, dans un contexte de retournement du marché, la mesure phare du gouvernement Sarkozy prend bien pale figure. Car si la défiscalisation des heures supplémentaires a pour incidence de faire « travailler plus » ceux qui ont déjà un travail, en période de faible croissance et d’assèchement des commandes, nul doute que ces heures supplémentaires vont se raréfier.

Paule MASSON dans l'Humanité du 30 septembre 2008

Publié dans France - Emploi

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