Les missions de la future ANPE-Assedic se précisent

Publié le par Jihad WACHILL

Chômage : Le futur opérateur de placement mettra en place le profilage des chômeurs et offrira des recrutements clé en main aux entreprises.

Avant son lancement effectif au 1er janvier prochain, la fusion entre l’ANPE et les Assedic prend corps peu à peu à travers l’instance provisoire, créée par la loi de fusion de février dernier et dirigée par Christian Charpy, ex-patron de l’ANPE. Le conseil d’administration de l’instance, réuni ce matin, doit notamment donner un nom au futur opérateur, mais aussi définir ses missions. La direction a ainsi remis aux partenaires sociaux ses « propositions relatives à l’offre de services du nouvel opérateur », marquées par la volonté de développer les prestations au service des entreprises, et d’accélérer le retour à l’emploi des chômeurs. Un objectif d’autant plus pressant que la création du RSA, en obligeant les allocataires à s’inscrire à l’ANPE, va entraîner une forte augmentation du nombre de chômeurs déclarés.

Le Retour à l’emploi sous-traité

Le projet reprend les grandes lignes du rapport Boulanger sur la fusion, remis en mai à la ministre de l’Emploi Christine Lagarde. Pour les chômeurs, la direction confirme la mise en place, sans employer le terme, d’un profilage des chômeurs selon leur « risque statistique » de chômage longue durée. En fonction de cette sélection, l’opérateur prévoit « trois parcours personnalisés pour accélérer le retour à l’emploi ». Le parcours « appui » consiste en un suivi serré des chômeurs les plus proches de l’emploi. Le parcours « accompagnement », pour les plus éloignés, suscitera, conformément au rapport Boulanger, la « mobilisation parallèle et complémentaire de prestataires externes, publics et privés » - autrement dit, il sera largement sous-traité. Le dernier parcours consistera à aider le chômeur à créer son entreprise. Dans le cadre de la fusion, la direction compte mettre en place au début de 2009 le « référent unique » pour chaque demandeur d’emploi, et dès octobre 2009 l’entretien unique d’inscription. Ces innovations supposent des formations croisées des actuels agents ANPE et Assedic, pour qu’ils puissent répondre aux questions portant sur tous les aspects d’accompagnement et d’indemnisation. Mais vu les délais impartis, les formations risquent d’être hâtives. La direction le prévoit d’ailleurs puisqu’elle compte « différer » la « notification détaillée » des droits : le chômeur ne connaîtra plus dès le premier entretien le montant exact de son allocation, mais seulement une évaluation.

Limiter les « contacts directs spontanés »

Selon la direction, l’offre de service est marquée par « la préoccupation d’écoute des clients et de grande exigence dans la relation de service ». Concrètement, pourtant, le document confirme la tendance déjà à l’oeuvre aux Assedic comme à l’ANPE de limiter le plus possible les contacts directs spontanés entre agents et public. Dans un souci de productivité, il préconise d’« utiliser les contacts physiques uniquement lorsque nécessaire » et sur rendez-vous, de développer les « services à distance » et l’Internet. Le projet met en revanche le paquet sur les services à rendre aux entreprises. Le futur opérateur doit « augmenter sa part de marché », devenir un « acteur déterminant du recrutement ». Pour cela, la direction proposera aux employeurs une « offre de service complète en matière d’accompagnement des recrutements » (publication de l’offre, sélection des candidats, assistance au recrutement, suivi des premiers mois dans l’emploi), sur le modèle des cabinets privés de recrutement.

Fanny DOUMAYROU dans l'Humanité du 9 septembre 2008

Publié dans France - Emploi

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