La droite bavaroise boit la tasse

Publié le par Jihad WACHILL

Munich : Le très fort recul de la CSU d’Angela MERKEL ne profite toutefois pas au SPD, également pénalisé à cause de sa participation à la grande coalition.

La CSU, la branche bavaroise de la démocratie chrétienne de la chancelière Angela Merkel, a enregistré un cinglant recul lors du scrutin régional de dimanche, perdant la majorité absolue qu’elle détenait à Munich depuis quarante-six ans. Le parti chute en effet de quelque 17 points à 43,4 % des suffrages, contre 60,7 % en 2003. Cette défaite n’est pas franchement de bon augure pour la chancelière à un an des élections au Bundestag et tandis que s’assombrit singulièrement la conjoncture économique du pays.

Il faut cependant relativiser ce « coup dur ». Le parti archidominant de la vie politique bavaroise a subi en effet surtout la concurrence d’un groupe de chrétiens sociaux dissidents qui totalisent plus de 10 % des suffrages et va compter 21 élus et pourraient bien entendu être ouverts à des négociations avec leur ancien port d’attache. Et le Parti social-démocrate (SPD) ne bénéficie en rien de cette défaite. Il recule même lui aussi, perdant un point à 18,6 % des suffrages.

Le rapport de force entre chrétiens et sociaux-démocrates qui se partagent le pouvoir au sein du gouvernement de grande coalition à Berlin, n’apparaît donc pas franchement ébranlé par le résultat du scrutin. D’autant que l’un des vainqueurs du scrutin est le FDP, petit parti de la droite libérale. Il franchit haut la main la barre qualificative des 5 %, passant de 2,6 % à 8 % et sera représenté par 16 députés dans le nouveau Landtag. La CSU privée de majorité absolue pourrait ainsi, selon les rumeurs de plus en plus insistantes qui filtraient hier de l’exécutif du Land, passer alliance avec le FDP. Seul bémol, le recul du parti pourrait rendre plus compliquée la réélection, au début de l’an prochain, du chrétien-démocrate Horst Köhler, au poste de président fédéral, ce dernier étant désigné par un collège d’élus issus des deux chambres du Parlement.

À gauche, Die Linke triple ses voix et réussit une performance « sensationnelle », selon Dietmar Bartsch, l’un des dirigeants berlinois de la formation. Celle-ci a bénéficié, de toute évidence, d’un début de transfert de voix d’électeurs déçus du SPD qui se sont trouvés confortés dans leurs inquiétudes après la reprise en main du parti par les fidèles de Gerhard Schröder. La formation de Lothar Bisky et Oskar Lafontaine ne réussit toutefois pas à transformer complètement l’essai en échouant sous la barre des 5 %.

Bruno ODENT dans l'Humanité du 30 septembre 2008

Publié dans Europe occidentale

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