ACCOYER veut rassurer… les fraudeurs

Publié le par Jihad WACHILL

Dans un entretien au journal les Échos, le président de l’Assemblée nationale propose une amnistie pour ceux qui ont planqué leurs capitaux dans les paradis fiscaux.

« Pourquoi ne pas réfléchir à une amnistie fiscale pour nos compatriotes qui accepteraient de rapatrier leurs capitaux sous condition, bien sûr, de souscrire à cet emprunt d’État ? » Le président UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, vient de mettre au grand jour la conception sarkozyste de « la moralisation du capitalisme ». Les fraudeurs du fisc n’auront plus aucun compte à rendre à la justice !

On pouvait déjà douter de la sincérité de la croisade engagée par le chef de l’État pour moraliser le capitalisme en constatant que les discours tenus face à la crise par Nicolas Sarkozy, à l’ONU et à Toulon, sont en réalité des copier-coller de certains de ses discours de campagne électorale. Ainsi le 13 avril 2007, le candidat Sarkozy déclarait en meeting à Meaux : « Je veux moraliser le capitalisme. Je veux faire prévaloir la logique de la production sur celle de la rente et de la spéculation. Je me bats pour la liberté et le capitalisme. Mais je n’accepte pas que ceux qui ont conduit leur entreprise dans le mur partent avec un golden parachute et des indemnités scandaleuses. » Depuis, le président Sarkozy a instauré le paquet fiscal et laissé filer quelques beaux parachutes dorés.

La déclaration de Bernard Accoyer a suscité bien des réactions. Le PCF y voit une « inadmissible provocation » et exige une lutte contre les paradis fiscaux. Pour les Verts « profiter de la crise pour favoriser les riches et, pire, les riches hors la loi » est intolérable. Même tonalité du côté du PS. Le Syndicat national unifié des impôts (SNUI) rappelle que « depuis 2003, les partisans (de l’amnistie) saisissent toutes les occasions qu’ils peuvent pour tenter de faire passer cette idée ». « L’amnistie fiscale serait tout simplement immorale, injuste et inefficace », démontre-t-il dans un communiqué. « Une amnistie serait précisément l’inverse des mesures qui doivent être prises, notamment à l’encontre des paradis fiscaux qui constituent (…) le trou noir de la finance dans lesquels se sont implantées les institutions bancaires et financières qui ont profité des diverses formes de déréglementation et d’ingénierie financière », affirme le syndicat. Il appelle à dénoncer et combattre ce projet « avec la plus grande fermeté ».

Olivier MAYER dans l'Humanité du 11 octobre 2008

Publié dans France - Eco-Social

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