Krach : les frasques du Trésor américain

Publié le par Jihad WACHILL

États-Unis : L’administration met 700 milliards de dollars sur la table et demande au Congrès de la laisser récupérer les créances douteuses.

Le plan de l’administration américaine pour enrayer la crise financière pourrait coûter 700 milliards de dollars en sacrifiant de nombreux contribuables sur l’autel de la finance. Il devrait s’étaler sur deux ans, selon un document envoyé vendredi soir au Congrès. « Un plan massif car le problème est massif », a cru bon préciser George W. Bush le lendemain. Le projet de loi que le gouvernement américain est en train de négocier avec le Congrès devrait permettre au Trésor de racheter aux établissements financiers des créances douteuses pour apurer les comptes des ban- ques et relancer la machine du crédit.

Afin de financer cette opération, le Congrès devra aussi autoriser un relèvement du plafond de la dette des États-Unis. En dépit des détails apportés par l’administration, l’opération comporte encore des inconnues, notamment comment le gouvernement va fixer le prix des créances dites « empoisonnées » dont il entend soulager les banques ?

Si les parlementaires se disent convaincus de l’urgence d’un tel sauvetage, rien ne dit, à une quarantaine de jours de la présidentielle, que ce plan va passer comme une lettre à la poste, étant donnée l’énormité de la pression fiscale qui va s’exercer sur le citoyen américain lambda. Plusieurs responsables de la majorité démocrate du Congrès ont ainsi prévenu qu’ils entendaient amender ce texte, pour y introduire des mesures bénéficiant spécifiquement aux propriétaires victimes de la crise des crédits subprimes, et à ceux en butte à des procédures de saisie.

Parallèlement, selon le Washington Post, les proches collaborateurs du président Bush ont demandé à plusieurs pays d’imaginer un système similaire pour leurs propres entreprises. Un responsable de la Bank of England a déclaré au quotidien être en relation constante avec ses homologues américains, afin de « trouver une réponse globale à un problème mondial ». La mondialisation des dettes et des pertes en quelque sorte. La Banque centrale européenne (BCE) n’aurait pas souhaité s’exprimer sur le sujet, a précisé le quotidien américain.

Samedi, Bush a affirmé que « cette approche audacieuse coûtera beaucoup moins aux familles américaines que l’alternative » consistant à ne pas intervenir… De quoi faire réagir l’économiste américain Joseph Stiglitz. Ce prix Nobel 2001 a estimé « monstrueuse » l’exposition des contribuables américains par le plan de soutien massif au secteur bancaire annoncé par Washington, dans un entretien paru dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. Ce « n’est qu’une solution à court terme », déclare-t-il au (FAS). « On met les placements à risque entre les mains des contribuables » : comme aucun investisseur privé ne veut des placements à risque, « on les colle au contribuable, c’est monstrueux », juge-t-il. Joseph Stiglitz voit dans la crise actuelle « la fin d’un modèle économique désastreux » et « la fin de l’idéologie selon laquelle les marchés libres et dérégulés fonctionnent toujours ».

B. D. dans l'Humanité du 22 septembre 2008

Publié dans Amérique du Nord

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