Les conservateurs bavarois sur la corde raide

Publié le par Jihad WACHILL

Allemagne : Les chrétiens sociaux sont près de perdre leur majorité absolue lors du vote régional de dimanche. Ce qui pourrait gêner la chancelière.

L’Union chrétienne sociale (CSU) pourrait bien perdre sa majorité absolue ce dimanche, lors des élections pour le renouvellement du Parlement du Land de Bavière. Pour la première fois depuis cinquante ans, l’aile bavaroise très influente de la démocratie chrétienne d’Angela Merkel, pourrait passer en effet, selon toutes les enquêtes d’opinion, sous le seuil des 50 %. Pis, elle qui avait obtenu quelque 60,3 % des voix en 2003, pourrait être obligée de diriger le Land en s’appuyant sur une coalition avec un éventuel « junior partenaire ».

Pour la chancelière, le recul du parti ne serait pas franchement une bonne nouvelle à tout juste un an des prochaines législatives. En effet, outre les liens avec l’église et une culture régionale conservatrice, la CSU tient sa solide assise d’une vraie tradition sociale. C’est sur ce plan que, ces dernières années, le parti n’a cessé de perdre en crédibilité, en apportant son soutien aux réformes libérales de la grande coalition (CDU-SPD). Il y a quelques jours encore, il a, après bien des revirements, décidé de voter contre la réintroduction d’une prime d’éloignement versée jadis aux salariés contraints d’effectuer de longs trajets entre leur domicile et leur lieu de travail. La posture pourrait achever de détourner de la CSU une partie de son électorat populaire traditionnel.

Le Parti social démocrate (SPD) devrait à peine profiter de cette baisse attendue de la CSU. Il se maintiendrait autour de 20 % des suffrages, selon les sondages. Il apparaît, lui aussi, discrédité par la pratique du gouvernement fédéral à Berlin. Du coup, la principale bénéficiaire du discrédit qui touche les deux grands partis pourrait bien être une nouvelle fois Die Linke. Elle, qui recueillait jusqu’alors moins de 1 % des suffrages dans le Land, était donnée au-dessus des 4 % par les sondages. Soit seulement à quelques encablures du seuil qualificatif de 5 % pour faire son entrée dans le Landtag.

Le résultat du parti de Lothar Bisky et Oskar Lafontaine sera donc observé avec beaucoup d’attention. D’autant que l’élection intervient tout juste quelques jours après la révolution de palais qui a permis à la vieille garde schrödérienne de reprendre le SPD en main. Une partie des électeurs du SPD, excédée par la désespérante droitisation de leur formation, pourrait choisir d’envoyer ainsi une sorte de message sanction à la Willy Brandt Haus, le siège du parti à Berlin. Oskar Lafontaine, qui fut aussi président du SPD, a multiplié les appels du pied pour qu’ils agissent dans ce sens, allant même jusqu’à déclarer très récemment qu’il restera actif en politique « aussi longtemps que le SPD n’aura pas retrouvé son fondement social démocrate traditionnel. »

Bruno ODENT dans l'Humanité du 26 septembre 2008

Publié dans Europe occidentale

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