Rowan WILLIAMS, archevêque de Cantorbéry et marxiste occasionnel

Londres (Grande-Bretagne), correspondance particulière.

Ce n’est pas tous les jours que les archevêques se distinguent en faisant les louanges de Karl Marx. Mais nous vivons dans une période exceptionnelle, et Rowan Williams peut être considéré comme un archevêque de Cantorbéry exceptionnel.

Le leader de l’Église anglicane, aussi savant que pasteur, a depuis longtemps l’habitude de dénoncer les impérialistes - américains ou anglais - et leurs guerres. Hier, il a visé le comportement des capitalistes qui sèment le désordre mondial, en enrichissant les riches et en appauvrissant les pauvres.

Pour le docteur Williams, le monde de la finance est « détaché de la réalité ». La crise selon lui « dévoile le caractère imaginaire de la situation - la vérité qu’une richesse presque inimaginable a été engendrée par une fiction aussi inimaginable, des opérations sur papier sans aucun résultat sauf d’accroître les bénéfices des marchands. » Il poursuit encore : « Il y a longtemps, Marx a remarqué comment le capitalisme déchaîné est devenu une sorte de mythologie, en attribuant la réalité, le pouvoir et la direction à des choses qui n’ont aucune vie en elles-mêmes. »

Cette dénonciation de l’archevêque de Cantorbéry est partagée par le numéro 2 de son Église, John Sentamu, archevêque de York. Celui-ci a décrit cette semaine le monde financier comme appartenant à un conte comme Alice aux pays des merveilles, et a qualifié ceux qui jonglent avec les actions en Bourse comme des « voleurs de banque ».

En pleine crise du capitalisme mondialisé, en cette année 2008, les deux archevêques donnent l’impression d’être inspirés aussi par un certain Jésus-Christ, celui qui a chassé les marchands du temple du roi Hérode à Jérusalem, transformé selon la Bible en repaire de voleurs. C’était bien avant Karl Marx.

Peter AVIS dans l'Humanité du 26 septembre 2008