L’immobilier craint le grand blocage

Publié le par Jihad WACHILL

Premières victimes : les milliers de ménages ayant souscrit un prêt relais.

À chaque nouvelle statistique, l’information se confirme : le marché immobilier français (neuf et ancien) est bel et bien malade. Hier, c’est le ministère de l’Écologie qui a publié les derniers chiffres des mises en chantier de logements en France sur la période de juin à août 2008. Résultat : une très forte baisse (- 13,1 %), qui porte à 9,5 % le repli annuel de cette donnée capitale. Du coup, le nombre de ces mises en chantier est passé sous la barre symbolique des 400 000 logements par an, alors que le gouvernement s’était fixé un objectif de 500 000, dans le but de répondre à la crise du logement. « Compte tenu de l’abandon de nombreux projets et du nombre croissant de promoteurs qui déclarent ne pas vouloir mettre à l’étude de nouveaux programmes, la mécanique semble durablement grippée », observe même Alexandre Mirlicourtois, directeur des études économiques au cabinet de recherche Xerfi.

À l’origine de ce sérieux coup de froid, la conjoncture économique bien sûr, qui a pour conséquence un durcissement des critères d’octroi des crédits, et la remontée des taux immobiliers (passés, en moyenne, à 4,89 % en juillet, et à 4,98 % en août). Comme les mises en chantiers, le nombre des transactions s’est donc logiquement effondré ces derniers mois : - 25 % dans les grandes villes de province au premier semestre 2008 et - 14 % en Île-de-France, sur la période de mars à mai de la même année.

Premières victimes de ce blocage : les ménages ayant souscrit des prêts relais pour faire le lien entre un achat et une vente. Des prêts coûteux, qui ne cessent de s’allonger avec la chute du nombre des transactions. En trois ans, leur durée moyenne aurait ainsi doublé pour s’établir à huit mois. « Nous n’avons jamais eu autant de dossiers - 2 000 actuellement - concernant des prêts relais qui arrivent à expiration alors que les personnes n’ont pas réussi à revendre leur logement précédent », confirme Serge Maître, secrétaire général de l’Association française des usagers de banque (AFUB), qui réclame un « moratoire » général d’un an sur ces prêts. Une idée reprise, hier, par l’opportuniste président du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers, qui évalue à « au moins 30 000 » le nombre de Français qui « ne peuvent plus payer » les traites de ces crédits.

Alexandre FACHE dans l'Humanité du 1er octobre 2008

Publié dans France - Logement

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