Personne ne croit au plan SARKOZY

Publié le par Jihad WACHILL

Crise : De l’extrême gauche à la droite, le scepticisme est général après la réunion au sommet à l’Élysée. Les députés PCF demandent une commission d’enquête et la saisine du Parlement.

La réunion tenue, hier, à l’Élysée, entre les banquiers, les assureurs et le président de la République, n’a pas apaisé l’inquiétude des dirigeants politiques, peu nombreux, à droite comme à gauche, à croire à l’efficacité de la ligne défendue par Nicolas Sarkozy. Il n’y a eu guère que Jean-François Copé pour affirmer que le groupe UMP, qu’il préside à l’Assemblée nationale, « est totalement soudé derrière le président de la République et le premier ministre dans cette affaire ». Mais le doute est permis, après que la députée Chantal Brunel, porte-parole de l’UMP, a poussé un coup de gueule en demandant que l’on « s’attaque » au secret bancaire et aux paradis fiscaux.

Le système déraille

Dans l’ensemble, l’UMP est restée majoritairement silencieuse. Les centristes en ont profité pour occuper le terrain à droite. Le député Charles de Courson (Nouveau Centre) a réclamé des « contreparties » au sauvetage annoncé de Dexia par l’État, son collègue Nicolas Perruchot demandant, de son côté, la réunion du Parlement en Congrès pour permettre à Nicolas Sarkozy de s’y exprimer. Le président du Modem, François Bayrou, a, pour sa part, comparé le plan échafaudé à l’Élysée à des « balivernes ». Pour lui, « il ne peut y avoir de réponse solide et structurée qu’au moins dans le cadre européen ».

Mais c’est sans surprise à gauche que les critiques étaient les plus fortes. « Le système vient de dérailler, et il faudrait laisser les responsables du carnage aux manettes. Quelle ironie ! » commente le PCF, pour lequel « la cause de la crise est connue. Depuis plus de vingt ans, la finance est systématiquement privilégiée dans le partage des richesses créées, au détriment de la rémunération du travail. Il y a, au contraire, besoin d’investir dans tout ce qui fonde la réalité de la richesse, le travail, l’emploi et les salaires ». Pour les députés communistes et républicains, « le gouvernement doit rendre des comptes » en saisissant le Parlement, une commission d’enquête parlementaire devant être créée pour « analyser les responsabilités politiques » dans la crise (lire ci-dessous).

Cacophonie au PS

Le PS, lui, n’a pas échappé à la cacophonie. Alors que ses dirigeants et ses députés, comme Aurélie Filippetti, porte-parole du PS, ou Michel Sapin, secrétaire national à l’économie, ont repoussé l’appel à l’« unité nationale » de François Fillon, Ségolène Royal a estimé que celle-ci était possible « si le gouvernement rectifie rapidement le tir » et « admet qu’il s’est trompé dans un certain nombre de domaines ». De son côté, Benoît Hamon, leader de l’aile gauche du PS, a critiqué un chef de l’État qui « raconte à peu près n’importe quoi ». Dénonçant cette « gesticulation », l’eurodéputé a souhaité une modification des traités européens afin de « lever un emprunt » pour relancer l’économie européenne.

Enfin, à l’extrême gauche, Arlette Laguiller a rejeté aussi l’unité nationale de François Fillon, qui consiste à « faire payer les victimes pour venir au secours des coupables », a estimé la porte-parole de Lutte ouvrière. Son homologue de la LCR, Olivier Besancenot, appelant à jeter « le capitalisme à la poubelle ».

Sébastien CREPEL dans l'Humanité du 1er octobre 2008

Publié dans France - Eco-Social

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