Guerre et élections

Publié le par Jihad WACHILL

Tribune libre d'Amnon KAPELIOUK, écrivain et journaliste franco-israélien, collaborateur du Monde diplomatique, parue dans l'Humanité du 14 janvier 2009.

La guerre contre le Hamas est populaire en Israël, pourtant beaucoup soupçonnent en même temps qu’elle fut lancée pour des raisons électorales. Les élections législatives doivent se dérouler au milieu du mois prochain. C’est le ministre de la Défense, le général Ehoud Barak, qui est visé en premier lieu.


La cote de ce dernier, chef (devenu businessman millionnaire) du Parti travailliste fut très médiocre pendant de longs mois. Avant l’éclatement de ce terrible conflit, la popularité de ce militaire en retraite a marqué dans le sondage une chute vertigineuse. Ses fidèles ont murmuré de bouche à l’oreille : il lui (ou plutôt : il nous) faut une petite guerre victorieuse et tout s’arrangera…


Déjà trois jours après le début de cette aventure, il est monté en flèche dans tous les sondages et entre même en compétition avec ses deux rivaux, Netanyahou (Likoud, droite nationaliste) et Livni (Kadima, centre-droit) pour la tâche du premier ministre.


Barak s’est préparé sérieusement pendant de longs mois à cette guerre. À l’encontre du deuxième conflit au Liban (en juillet 2006), approuvé après 3 heures de conversations téléphoniques, ce dernier fut préparé soigneusement et chaque unité connaît parfaitement son rôle.


Pourtant, lorsque les canons se tairont, le monde va découvrir la terrible destruction de Gaza en plus du bilan énorme en pertes humaines. Les critiques à l’encontre des dirigeants d’Israël vont monter, mais l’homme de la rue répond automatiquement comme par le passé aux critiques : de toute façon, il s’agit d’antisémites… Sans doute il y aura des jeunes revenus de cet enfer moderne qui vont poser des questions, comme le jeune soldat revenu de la première guerre au Liban et décrit admirablement dans le film Valse avec Bachir, qui vient d’être couronné d’un prix prestigieux à Hollywood.

À l’approche des élections législatives, les éléments fascisants, encouragés par l’atmosphère de la guerre, utilisent leurs armes contre la population arabe du pays.

Ils ont proposé d’interdire la participation de deux listes arabes - Balad et Ra’am-Ta- dans la consultation électorale du mois prochain. Le Comité central des élections (un corps politique composé des représentants de tous les partis qui ont des sièges à la Knesset) a ratifié cet acte antidémocratique. Ces deux listes sont accusées « trahison » par leurs détracteurs.

Leurs chefs ont déjà annoncé qu’ils s’adresseront à la Haute Cour de justice. Celle-là avait annulé une décision pareille dans le passé, mais les éléments anti-arabes tentent de nouveau leur chance pour chasser les députés arabes du Parlement comme premier pas dans leur politique raciste de nettoyage ethnique. Les Palestiniens de l’extérieur et de l’intérieur passent en ces jours un moment difficile.

Publié dans Machreck et Maghreb

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